Bruxelles, la capitale de la Belgique, évoque souvent une image austère de « centre politique de l’Europe ». C’est ici que siègent les institutions européennes, les grandes ambassades, les réunions diplomatiques les plus importantes. Pourtant, dès que j’ai foulé les pavés de cette ville, que je me suis aventuré dans ses vieilles ruelles, une autre sensation m’a envahi : de la chaleur, de la vivacité… et surtout, une atmosphère d’enfance et de fantaisie – celle de la bande dessinée.

C’est cette facette inattendue que j’étais venu chercher. Mon objectif était clair : partir à la découverte des fameux “Murs de bande dessinée” (Comic Strip Walls) de Bruxelles. C’est un rêve de longue date, noté depuis des années sur ma liste des voyages à faire absolument. Ici, l’art ne reste pas enfermé dans les musées ; il habite les façades, il colore les murs, il respire dans les quartiers. Une ville conquise par le neuvième art, vivante et vibrante.

Bruxelles, capitale européenne et capitale de la BD

Ce que l’on sait moins, c’est que la Belgique est l’un des berceaux historiques de la bande dessinée mondiale. Des noms comme Hergé (Tintin), Peyo (Les Schtroumpfs), ou Morris (Lucky Luke) y sont nés. Leurs personnages sont devenus des icônes universelles, connues bien au-delà des frontières belges.

À Bruxelles, cette culture a quitté les pages pour investir l’espace public. Le projet des « murs BD » (Parcours BD ou Comic Book Route) a été lancé dès 1991 par les autorités culturelles de la ville, en partenariat avec le Centre Belge de la Bande Dessinée (CBBD). L’idée était simple mais brillante : transformer la ville en un gigantesque album de BD. Aujourd’hui, ce sont plus de 60 fresques murales qui décorent les murs bruxellois. Chacune raconte une histoire, rend hommage à un dessinateur, ou propose une scène culte.

Suivre les fresques, case après case

Ma première étape fut logique : la célèbre fresque de Tintin située au Zandstraat 20, 1000 Bruxelles. Sur cette façade, on retrouve Tintin, Milou et le Capitaine Haddock bondissant d’une fenêtre, dans une scène pleine d’action. Les couleurs éclatantes, les traits fidèles à Hergé, la précision des lignes : tout y est. Je suis resté longtemps à observer la fresque, un sourire aux lèvres. Il ne manquait que les bulles de texte pour compléter le tableau.

📍 Informations pratiques :

  • Nom de la fresque : Les Aventures de Tintin
  • Adresse : Rue de l’Étuve / Stoofstraat 37, 1000 Bruxelles
  • Conseil photo : idéalement en début d’après-midi, lumière naturelle sur la façade
  • Tarif : gratuit

✅ Astuce :

Pour ne rien manquer, rendez-vous à l’office du tourisme Visit Brussels pour récupérer une carte gratuite du Parcours BD. Vous pouvez également télécharger l’application mobile officielle Comic Book Route, qui vous guide fresque par fresque, avec explications et anecdotes.

Mon itinéraire : de la vieille ville aux quartiers créatifs

J’ai décidé de consacrer trois jours entiers à la découverte de ces fresques, en me déplaçant à pied. Cela permet non seulement d’apprécier les dessins à taille réelle, mais aussi de s’imprégner du charme des différents quartiers de Bruxelles. C’est une manière lente, mais riche et profonde, de voyager. Chaque détour devient une opportunité, chaque ruelle un chapitre à explorer.

Ce parcours à pied, bien que parfois un peu exigeant physiquement, offre une liberté unique : celle de s’arrêter où l’on veut, de flâner devant une vitrine, de discuter avec un libraire passionné, ou tout simplement de s’asseoir sur un banc et contempler une fresque dans le silence. On découvre alors Bruxelles non pas comme une destination touristique, mais comme une ville vivante, artistique, avec ses nuances, ses recoins oubliés, ses voix du quotidien.

☑ Fresques incontournables :

  1. Les Schtroumpfs – Rue de la Buanderie 33 C’est l’une des fresques les plus colorées et joyeuses du parcours. Dès qu’on tourne le coin de la rue, une immense façade bleue capte immédiatement l’œil. On y voit les petits lutins bleus en pleine activité : certains construisent des maisons-champignons, d’autres courent après des insectes, tandis que Gargamel semble les pourchasser dans un coin du mur. Il y a du mouvement, du jeu, et surtout une fidélité parfaite à l’univers de Peyo. Cette fresque plaît autant aux enfants qu’aux adultes nostalgiques. Un petit banc public permet de s’asseoir juste en face pour en profiter pleinement.
  2. Lucky Luke – Rue de la Chêne 9 Cette fresque, tout près du Manneken Pis, transporte immédiatement dans l’ambiance du Far West. On y voit Lucky Luke, le célèbre cow-boy solitaire, dans une posture héroïque, prêt à dégainer, tandis que les Dalton se faufilent maladroitement en arrière-plan. Le style graphique est dynamique, fidèle à l’univers de Morris, avec des touches humoristiques bien visibles si l’on prend le temps de s’attarder sur les détails. Cette fresque, bien qu’assez compacte en taille, est l’une des plus photographiées du parcours, en raison de sa proximité avec les sites touristiques classiques.
  3. Blake et Mortimer – Rue du Marché au Charbon 60 Ici, on change radicalement de registre. Fini les couleurs vives et l’humour : cette fresque nous plonge dans l’univers élégant et cérébral de Jacobs. Les tons sont froids, les lignes sont nettes. On y voit les deux héros dans une scène d’investigation typiquement british : une ruelle sombre, des bâtiments en arrière-plan, un sentiment d’urgence palpable. Cette œuvre parle davantage aux amateurs de science-fiction ou de polars, mais elle ajoute une dimension plus sérieuse et contemplative au parcours. C’est aussi un bel hommage à l’un des maîtres de la BD belge classique.

🚶‍♀️ Conseils :

  • Prévoyez des chaussures confortables. Le centre historique de Bruxelles est recouvert de pavés, et certains tronçons peuvent être glissants s’il pleut. De bonnes chaussures de marche (ou baskets avec semelle épaisse) feront toute la différence après plusieurs heures de balade.
  • Entre deux fresques, poussez la porte d’un salon de thé ou d’un chocolatier local. Bruxelles est réputée pour son chocolat, mais aussi pour ses cafés chaleureux où l’on peut déguster un chocolat chaud riche et épais, ou une gaufre de Liège encore tiède. Une pause gourmande entre deux arrêts artistiques, c’est tout le charme du slow travel à la belge.
  • Ouvrez l’œil : certaines fresques sont bien cachées ! Toutes ne sont pas signalées de manière évidente. Certaines se trouvent sur des murs latéraux, dans des ruelles ou derrière des bâtiments. D’autres sont partiellement dissimulées par des arbres ou des enseignes. Il faut parfois reculer de quelques mètres, traverser une rue ou même grimper quelques marches pour avoir une vue complète. C’est aussi ce qui rend cette chasse au trésor urbaine si excitante.
  • Prenez le temps de lire les petites plaques explicatives. Beaucoup de fresques sont accompagnées d’un petit panneau discret qui mentionne le nom de l’auteur, l’année de réalisation, et parfois une anecdote sur l’œuvre. Ces détails ajoutent une véritable profondeur à l’expérience, en révélant les intentions artistiques et les clins d’œil culturels.
  • Pour les passionnés, une visite guidée est une excellente option. Plusieurs agences locales (comme « Withlocals » ou « Brussels Greeters ») proposent des circuits guidés thématiques sur la BD. Certains guides sont eux-mêmes illustrateurs ou amateurs éclairés : leurs récits sont passionnants, ponctués d’histoires de création, de secrets de coulisses et de points de vue personnels sur chaque fresque.

Ce parcours BD est bien plus qu’une simple balade artistique : c’est une immersion dans l’âme de Bruxelles. Une ville qui parle avec ses murs, qui célèbre ses héros de papier et qui invite les passants à lever les yeux pour rêver un peu.

Des émotions sur les murs

Certaines fresques m’ont profondément touché. Sur la Rue Haute, j’ai découvert une œuvre signée par un auteur indépendant belge. On y voit un personnage solitaire, contemplant une ville en ruine sous la lune. Cette fresque ne parle pas de héros ou d’aventures. Elle évoque le Bruxelles d’après-guerre, les quartiers détruits, les souvenirs effacés.

J’ai été saisi. Ces murs ne sont pas que décoratifs. Ils expriment. Ils racontent. Ils se souviennent. À Bruxelles, la bande dessinée devient mémoire vivante.

Coûts & budget de voyage

Bonne nouvelle : toutes les fresques sont accessibles gratuitement ! Cependant, pour compléter l’expérience, je recommande la visite de certains lieux payants.

🎟️ Lieux à visiter absolument :

LieuTarif adulteÀ savoir
Centre Belge de la Bande Dessinée12 €Situé dans un superbe bâtiment Art nouveau, avec des originaux de Tintin
MOOF Museum (Museum of Original Figures)10 €Exposition de figurines 3D et BD européennes
BD CaféGratuit (consommation payante)Café décoré de fresques, bibliothèque BD gratuite sur place

Hébergement et bonnes adresses

Bruxelles offre de nombreux logements originaux avec une vraie âme artistique.

🛏️ Plateformes recommandées :

  • Booking.com : hôtels et appart-hôtels en centre-ville
  • Airbnb : appartements design, parfois décorés façon BD
  • Hotels.com : promotions saisonnières autour des parcours BD

🍽️ Où manger :

  1. Chez Léon (Rue des Bouchers 18)
    Restaurant emblématique pour les moules-frites, fréquenté par les locaux malgré sa renommée.
  2. Comic Café
    Le premier café 100 % BD à Bruxelles. Chaque boisson porte le nom d’un personnage célèbre.

Souvenirs à rapporter

Voici ma sélection de souvenirs authentiques et originaux à ramener :

  • Figurines Tintin et Schtroumpfs (magasins autour de la Gare Centrale)
  • Cartes postales illustrées (boutique du Centre Belge de la BD)
  • Tote bags, mugs et carnets illustrés de fresques murales (marchés d’artisans)
  • Albums de BD indépendants (Librairie Brüsel, Rue du Midi)

Avant de partir : conseils pratiques

📱 Plateformes utiles :

BesoinPlateforme
VolsSkyscanner, Google Flights, Brussels Airlines
Train & transportsSNCB, Omio
Tickets & activitésGetYourGuide, Tiqets, Viator
Visites guidées localesWithlocals (tours privés sur le thème de la BD)
TraductionGoogle Translate (français/néerlandais)

Bruxelles : une exposition d’art à ciel ouvert

Alors, que m’a apporté cette aventure à travers les murs de BD de Bruxelles ?

Je dirais ceci : j’ai redécouvert la ville autrement. Les rues ne sont plus seulement des chemins ; elles sont des récits. Les murs ne séparent plus : ils racontent, ils relient le passé et le présent. Chaque fresque est une page de l’histoire belge, un clin d’œil artistique, une main tendue vers le passant.

Bruxelles n’est pas qu’un centre politique. C’est un musée vivant. Une galerie à ciel ouvert. Une bande dessinée géante, que l’on découvre en marchant.

J’espère que cet article vous inspirera à préparer votre propre “Parcours BD” à Bruxelles. N’oubliez pas : ici, chaque mur vous parle. Il suffit de l’écouter.